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Histoire d'un futur :

Au fil d'une ligne de probabilité

Cosmologie et chronologie.
 
 
par Jérôme "PP" Charlet

 
 

La Telepathic Trip Organization


          ... fait suite à : Le rêve de Hiéronimus Bolgenstein ...
 
          Il faudra attendre quelques années, pour que Killer reprenne du service. Echappant de peu à un attentat aveugle perpétré dans le fast-food où il était venu se restaurer, le voilà à nouveau propulsé dans la Psychosphère. Celle-ci est de plus en plus instable, surtout depuis la création de la T.T.O. ... La T.T.O., c'est la Telepathic Trip Organization, une entreprise montée par deux ex-scientifiques, Stephen Mankovicz et James-William Osterberg. Ces deux-là, travaillant sur le LSD 25, découvrirent une substance ouvrant les portes de la Psychosphère, le PR 96, surnommé aussi le semen of god. L'esprit pratique et commercial du premier pensera immédiatement à créer une organisation pouvant proposer aux hommes des plongées dans la Psychosphère, autrement dit, dans leurs fantasmes les plus profonds. Bien sûr, ces fantasmes, il faut pouvoir les gérer. Pour ce faire, on fait appel à des TC — des Télépathes-Créateurs — capables de modeler les psychons, substance même de la Psychosphère, et de générer des univers-îles contenant de tels fantasmes. Mais cette nuit-là, cette nuit où Killer, archétype de la Mort en Marche, est revenu dans le monde psychique, est l'un des tournants de l'histoire de la Psychosphère. Par son appartenance à ce monde en temps qu'archétype, Killer va se faire déborder de l'intérieur par une autre entité, générée par ces milliers de personnes subissant le joug du Rêve Américain. Et un à un, Killer, possédé par un autre que lui — ou recouvrant sa fonction symbolique sous d'autres traits... — va se mettre à tuer. Tuer ces symboles de la libre-entreprise et de l'argent facile qui envahissent le monde psychique, ces riches entrepreneurs venus passer du bon temps avec leurs fantasmes. Tout cela va se déclencher synchroniquement avec ce que les historiens appelèrent la Grande Révolution Américaine. Résumons-nous : dans la réalité consensuelle, des milliers de personnes, les déboutés du Rêve Américain, décident de détruire l'Amérique ; dans la Psychosphère, Killer, habité par l'esprit révolutionnaire (DESTROY THE AMERICAN DREAM ! DESTROY IT !), devient un des agents principaux de l'étouffement du Rêve Américain ; au milieu, la T.T.O., liée aux deux, et représentant, à travers son P.D.G. Stephen Mankovicz — Osterberg étant mort prématurément dans d'étranges circonstances —, le Capitalisme voulant se développer sur cette étendue neuve pour lui, le monde psychique. Et la Psychosphère, comme nous l'avons vu, aime les symboles, et quel meilleur symbole de la Mort du Rêve Américain que celui du démantèlement de la T.T.O. ? ...  1 
 
          Ainsi, cette nuit-là, le Serpent d'angoisse, né de l'esprit de tous ces gens apeurés et écœurés du système capitaliste, va se mettre à étouffer le Rêve Américain. Le Serpent s'occupe du symbolique, la foule s'occupera du physique, des Etats-Unis, de la T.T.O. . Il restera à l'entité habitant Killer de s'occuper de ce qui est mixte, de ce qui représente une irrégularité dans le monde psychico-physique, à savoir les clients de la T.T.O. . En une nuit, les Etats-Unis chutent, se balkanisent en mini-états autonomes. La T.T.O. est détruite par une foule en colère. Et Killer, le travail une fois effectué, est à nouveau expulsé de la Psychosphère. Mais le plus important, c'est que le Rêve Américain n'est plus...
 
          Mais ce rêve américain était il l'un des soutiens de Celui-qui-n'est-pas-nommé, l'archétype primitif ? Expliquons... Les Archétypes, tels qu'ils sont actuellement, sont les reflets, les nouvelles “ incarnations ”, d'Archétypes primitifs. Ainsi, chaque Archétype Incarné serait d'une certaine manière une partie de cette forme primitive. La meilleure image qu'on peut en donner, serait celle des avatara des dieux hindous. Ces dieux “ descendent ” sur Terre, et s'incarnent dans une forme, un corps. Et ce corps possède ses propres caractéristiques : on est en face d'un individu bien réel. Mais c'est aussi le dieu lui-même, avec ses caractéristiques divines. L'avatara est et n'est pas le dieu. Il ne l'est pas, car ce n'est pas le Dieu primitif qui est en face de nous, mais il l'est car son essence relève de la divinité. Il en va de même pour les Archétypes Wagnériens... On a les Archétypes primitifs, les formes primitives générées par notre cerveau dans son enfance. Et tout cela évoluant, d'autres Archétypes se sont formés, empruntant leur essence à ces Archétypes. Ce qui donne, dans la bouche d'un des personnages de Musique de l'énergie : “ Disons que chaque Archétype est un ensemble, constitué d'une certaine quantité d'énergie psychique. Mais il ne faudrait pas croire qu'il forme pour autant un tout indissociable. La plupart d'entre [eux] partage avec d'autres une fraction plus ou moins importante de leur substance. Cette portion varie bien entendu avec le temps et les fluctuations de l'inconscient humain. Beaucoup d'Archétypes sont d'ailleurs nés de la fusion de plusieurs de leurs semblables, ou de la dissociation d'une entité à la (...) signification plus générale ” Ainsi la mort du Rêve Américain, c'est une perte de substance pour Celui-qui-n'est-pas-nommé. C'est un appui, une force, qui lui échappe.
 
          Mais revenons aux évènements en eux-mêmes. Le Rêve Américain disparaît, et cette nuit là, lors du démantèlement de la T.T.O., un des Télépathes-Créateurs, nommé Guthar, reste coincé dans la Psychosphère, car son corps est tué par la foule, alors qu'il se trouve dans l'univers télépathique. Il y avait plongé pour tenter d'en chasser celui qui tuait tous les clients de la T.T.O., à savoir Killer — mais prenant ce dernier pour un simple télépathe sauvage, et ignorant qu'il reprenait de temps en temps son statut archétypique de Mort en Marche... — Enfermé dans un univers en pleine mutation, son esprit va peu à peu sombrer dans la folie, aimanté uniquement par une idée : la vengeance. Il va profiter d'une nuit de juin 2007, pendant laquelle l'esprit de Killer passe un peu trop près de l'univers télépathique, pour y attirer son ennemi, ou celui qu'il prend pour tel, et l'y enfermer. Commence alors pour Killer une longue fuite en avant, entièrement orchestrée par Guthar, qui maintenant se définit par « Le Chasseur » (à trop vivre dans l'univers télépathique, on en ressent les conséquences...) Killer, tentant de retrouver ses amis dans ce qu'il prend pour la réalité consensuelle, va se voir flanqué d'autres « enfants de la Psychosphère » : la Marquise, jeune fille incendiaire aux mœurs des plus ... chocs, et un motard dont la caractéristique tient toute entière dans son nom, le Baron Roux... Traversant des univers-îles déglingués, ils iront jusqu'au Labyrinthe, ce haut lieu de transition entre Psychosphère et Réalité, pour empêcher Guthar de réaliser son plan haineux, à savoir laisser Killer en exil dans la Psychosphère après lui avoir volé son corps comme réceptacle de son propre esprit... Mais la Psychosphère est en plein bouleversement, et commence à craquer de partout. Le Baron Roux, lors de leur périple, se retrouvera à orbiter autour de la Terre — la vraie, celle de la Réalité Consensuelle — pour être passé, avec sa moto, par une brèche ouverte dans le paysage... Et alors que Killer, ayant réussi à prendre de vitesse le Chasseur, dans un dernier face-à-face, se réveille dans son propre corps terrestre, il pourra voir apparaître, en plus de ce motard dans le ciel, les premières traces de la couche de Bolgenstein, ce couvercle rougeâtre qui entourait la Terre dans ses souvenirs, autrement dit, dans le rêve de Hiéronimus Bolgenstein... Les signes du grand mélange...
 
          ... la suite : La Grande Terreur Primitive ...
 

 1 . La chronologie décrite dans cet article n’engage que son auteur, ndlr


© Jérôme "PP" Charlet. Tous droits réservés.
Texte reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur.