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Histoire d'un futur :

Au fil d'une ligne de probabilité

Cosmologie et chronologie.
 
 
par Jérôme "PP" Charlet

 
 

Les Prémisses de la Terreur


          ... fait suite à : La Soupe Primitive ...
 
          Les années 60, dont on sait combien elles tiennent au cœur psychédélique de Roland Wagner, vont marquer un tournant essentiel dans l'histoire du Futur qu'il nous propose. Comme nous l'apprennent les deux novellas qui forment pour l'instant Archétypes incarnés, et comme l'explique aussi L'Odyssée de l'espèce, elles furent à l'origine d'un bouleversement important du côté de la Psychosphère. « C'est la période de consommation massive (de LSD), ces années 60 psychédéliques, qui jouent le rôle de charnière. Jusque là, seule une toute petite partie de l'Humanité avait pu se brancher sur la longueur d'onde de la Psychosphère. Celle-ci était le rêve des aborigènes, la cérémonie du peyotl chez les Tarahumaras, l'extase mystique de Bernadette Soubirous, peut-être ! Et soudain, des millions de personnes, de part le monde, rompent avec la réalité quotidienne, pour des raisons très diverses. » (Des Renards sous l'évier) Aussi, alors que la Psychosphère était encore ce vaste champ d'énergie indifférenciée, éclatée en bouts d'idées, en morceaux d'images psychiques, elle va commencer à muter. A partir de ce moment-là, les quantons psychiques vont s'agglutiner en organismes du fait des regards que leur portent ces millions de personnes qui tripent... Leçon quantique : le regard de l'observateur définit la particule observée...
 
          Bien sûr, les mystiques et autres chamanes avaient déjà réalisé cette mutation, mais ici c'est l'échelle qui change du tout au tout. Imaginez des millions de prêtre châmaniques, accompagné de tous ces Swedenborg avec leurs rêves et de ces millions de Whitman, avec leurs chants... « As for an hour carrying us diverse, yet cannot carry us diverse forever » (Out of the rolling ocean the crowd) De ce fait, la mutation se fait maintenant à une vitesse vertigineuse... Et il y eut un moment, une pointe dans la consommation de ces produits illicites. Dites, lecteurs, une question : si vous aviez, vous, été de ces jeunes débauchés aux cheveux longs et aux habits tellement colorés qu'il ressemblaient à des épouvantails, quel jour vous auriez choisi ? Hein, dites ... Parfaitement ! La Nuit de la Lune... Et après l'Oncle Walt, c'est à Roland lui-même de venir chanter...
« 21 juillet 69 - 3 h 52 du matin
Le monde entier devant sa télé
Assistait en direct et en noir et blanc
A l'événement le plus important
De l'Histoire de l'Humanité
Ce couronnement de l'après-guerre
Ce jour où un homme a marché sur la Lune »

          Ce texte, qui est issu de l'une des chansons du groupe Brain Damage, groupe dans lequel Roland Wagner est chanteur et parolier, sera repris dans Musique de l'énergie, et exprime bien cette idée-là. Car vous pensez bien que toutes ces personnes qui, fixant leur attention sur un événement unique en ayant gobé du LSD, qui va les propulser dans la Psychosphère, ça ne peut qu'être un grand moment. Pour la toute première fois, un Envoyé de la Terre foulait un autre sol que le sol terrestre et, sur le plan psychique, soudain, notre champ d'empathie, notre Psychosphère, va s'unifier ; les séquences éparses, issues de matérialisations psychiques diverses, vont s'agglutiner, pour re-créer, pour la première fois depuis la naissance de l'univers télépathique, son unité perdue. C'est l'Homme dans son ensemble qui marche sur la Lune. Seulement voilà, il y a un retour de bâton... Car, si ce soir-là, grâce à ces milliers de personnes de part le monde qui vont faire le voyage psychédélique vers la Psychosphère, si bien que celle-ci va s'unifier, elle va le faire au milieu de milliers de trips qui la lient alors à la Réalité consensuelle... La Nuit de la Lune est le symbole de la mutation qui va s'opérer dans la Psychosphère. Et la Psychosphère aime les symboles...
 
          C'est là qu'interviennent les premiers éléments issus de la narration directe de Roland Wagner. Nous sommes à la fin des années 80. Un grand critique rock, Richard Montaigu, Suzy, sa compagne, Elric, un ami propriétaire d'une petite boutique de disques, et Vince, un jeune musicien, vont trouver sur leur passage, après une soirée bien arrosée, une faille entre les mondes, qui va les précipiter au fin fond du Faisceau Chromatique. Passant de mondes en mondes, poursuivis par une troupe de Livides, ces estomacs ambulants, ils obtiendront l'aide de différentes entités, habitant la Psychosphère, en vue de trouver la sortie... Ces entités — entre autres, un chien jaune qui parle, un vampire, le Juif errant — vont subir de la part de l'inconscient des membres du groupe la même transformation que celle subie par tout quanton psychique devant un observateur humain : ils vont trouver une forme. Cette version hallucinée d'un road-movie, qui s'étend sur trois volumes au Fleuve Noir, sera complétée par la suite de Chroniques du désespoir, qui a pour cadre la théorie du Faisceau... Lors de ce long périple, Richard va se voir confier par le Juif errant un ancien Artefact, l'Etoile. Mais cette Etoile « est un facteur d'équilibre, l'un des centres secrets du Faisceau. La déplacer signifie ouvrir la voie aux pires cataclysmes. » (Le Rêveur des Terres Agglutinées) Le Juif errant l'a présenté à Richard comme une boussole... Résultat, le processus uchronique n'est plus actif. Ou plutôt, seul les convergences d'univers s'effectuent encore, mais plus les divergences. Et comme le Faisceau est régi par ce couple, il est en train de s'effondrer sur lui-même !!! Il faut donc aller d'urgence rapporter l'Etoile à ses gardiens, les Veilleurs, ces étranges êtres qui veillent sur la bonne tenue du Faisceau... Ils se présentent sous la forme d'Anges bilbiques… Ceux-ci logent à la Porte des Etoiles, un monde à la frontière du Rouge Très Très Sombre. Mais une fois l'artefact en bonnes mains, celle des Gardiens du Faisceau, donc, il n'ont toujours pas de solutions : comment vont-ils rentrer chez eux ?...
 
          Il découvrent alors un monde, dans le Rouge Presque Noir, en Bordure des Ténèbres, dans lequel un dealer-drogué aux yeux intégralement rouges règne sur une population entière de junkies. Vous voyez de qui je veux parler ? En fait, suite à l'expansion de la Psychosphère, cet Archétype primitif, qui répond au doux nom de Celui-qui-n'est-pas-nommé (nous l'appèlerons dorénavant Yeux Rouges, ou Dragon Rouge, du nom de son avatara actuel), s'est retrouvé exilé. Psychosphère et Faisceau Chromatique semblent intimement liés, en voici encore une preuve. Et cette preuve annonce le début du processus qui mènera à la Terreur... « [Les] couches profondes reflètent, aujourd'hui encore, l'état primordial de l'inconscient collectif. On peut donc supposer qu'elles ont en quelque sorte conservées une empreinte de cet Archétype très ancien, à partir de laquelle il a commencé à se reconstituer après s'être glissé dans une apparence qui passait par là... » (L'Odyssée de l'espèce) Et cette apparence qui passait par là, serait le cerveau des membres du groupe en fuite qui la lui ont fourni, tout comme ils l'avaient fait pour le Chien jaune et ses compagnons.
 
          Le groupe, mené par ce même Chien jaune, après un détour par les Ténèbres — l'espace hors du Faisceau —, découvrira ce que vous et moi savons déjà, à savoir la nature exacte du Faisceau Chromatique, et l'existence, dans d'autres grumeaux, d'autres Faisceaux... Mais cette voie de sortie sera également empruntée par Yeux Rouges, qui recouvre lentement la mémoire... Et les membres du groupe retrouveront le chemin de leur chaumière, ignorant qu'ils sont peut-être l'une des causes de la Terreur, car à l'origine de la résurgence de Yeux Rouges... Fin du premier cycle ...
 
          ... la suite : Le rêve de Hiéronimus Bolgenstein ...
 


© Jérôme "PP" Charlet. Tous droits réservés.
Texte reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur.