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Elément biographique :

Entrevue avec un auteur psychédélique

Roland C. Wagner, garage punk et vert fluo.
 
 
Propos recueillis le 12 juin 1999 par Sara Doke

 

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          Comment définirais-tu la SF ?
 
          Le plus simple serait peut-être de parler de conjecture rationnelle reposant dans la plupart des cas sur une déviation de la connaissance. Par déviation, je veux parler d’un progrès, d’une perversion ou carrément d’une connaissance autre. Par connaissance autre, j’entends par exemple l’uchronie. Voilà ce qui, à mon goût, se rapproche le plus d’une définition de la SF. Evidemment, il y aura toujours des textes qui seront exclus par une définition aussi courte.
 
          Pourquoi écris-tu, et pourquoi de la SF en particulier ? Qu’est-ce qui t’a poussé a écrire ?
 
          L’idée d’écrire est pour moi intimement liée à celle d’écrire de la SF. Ça a commencé quand j’ai lu mes deux premiers romans de science-fiction : La Guerre des Gruulls d’Alphonse Brutsche — un pseudonyme impossible qui dissimulait en fait Jean-Pierre Andrevon — et Sterga la Noire de Louis Thirion. Après avoir refermé le deuxième, je me suis dit que je m’étais tellement éclaté a lire ces bouquins qu’il ne devait pas y avoir de métier plus sympa que d’écrire des histoires de SF. C’était il y a presque trente ans.
 
          Est-ce que tu pourrais raconter un peu ton parcours d’écrivain, comment tu as commencé, comment ça a évolué, qu’est-ce que tu as fait ?
 
          J’ai commencé directement par écrire des romans lorsque j’avais dix ans. J’en ai fait plein, je me les suis fait tous refuser. Il y a un numéro d’Ailleurs et Autres où Francis Valéry parle de quarante-deux refus ; je ne sais pas où il est allé le chercher, mais le nombre est beau alors on va le garder. Je suis allé a ma première convention en 74, à Grenoble ; j’y ai rencontré une bonne partie des acteurs du milieu de l’époque. Je suis aussi allé à Angoulême l’année suivante, puis j’ai continué à fréquenter des gens que j’y avais rencontrés. J’ai notamment échangé pas mal de courrier avec Michel Jeury, qui m’a prodigué force encouragements.
          Ma première nouvelle est parue dans un fanzine en 75. Au début des années 80, deux faits importants se sont produits à la convention de Rambouillet : d’une part, j’ai rencontré Patrice Verry, qui avait un fanzine et cherchait des collaborateurs, et d’autre part, j’ai retrouvé Pierre Marlson que je n’avais pas vu depuis un moment et on a décidé d’écrire un texte ensemble. La nouvelle en question, Au bord du Gouffre, a été publiée dans Futurs. C’était ma première nouvelle professionnelle — enfin, je dis professionnelle, mais elle a été payée avec un chèque en bois, ce sont des choses qui arrivent, ça aurait pu me dégoûter, mais non...
          Pendant tout le début des années 80, j’ai écrit des nouvelles, des articles, des critiques, enfin tout ce que je pouvais faire pour tous les supports possibles et imaginables. Il y avait pléthore de fanzines à l’époque, c’était facile. En 82, j’ai réuni une anthologie qui s’appelait Bientôt la marée. En fait, j’avais repris un projet qui avait été lancé par Dana et Eric Odin, deux affreux mégalomanes qui voulaient “prendre le pouvoir dans le fandom”, rien que ça ! Ils m’avaient demandé si je pouvais m’occuper de la réalisation de l’antho parce qu’ils étaient débordés. Je ne voulais pas y mettre un de mes textes, mais les Odin ont insisté, et j’ai pondu en une nuit une nouvelle qui a eu le prix Rosny l’année suivante. J’étais plutôt content, c’était la bonne surprise. Bon, après, des mauvaises langues ont prétendu que si j’avais eu le prix c’est parce que j’avais “acheté” les votes en vendant au rabais des exemplaires de l’anthologie. N’importe quoi. Ce qui s’est passé, c’est que les Odin me devaient de l’argent, mais qu’ils n’en avaient bien évidemment pas. Du coup, ils m’ont donné une pile d’exemplaires en me disant de les vendre moi-même. Comme j’étais sans un rond, j’ai cassé les prix. Bon, mécaniquement, ça a fait que des gens qui n’avaient pas lu le texte ont pu en prendre connaissance. Je n’appelle pas ça acheter des votes quand même, faut pas exagérer.
          Pendant ce temps la, je me faisais refuser mes bouquins partout, j’ai des superbes lettres de refus de Klein, de Siry, de Goimard — la totale. En 86, Alain Paris me dit : "Tiens, on me propose de faire ça chez Media 1000". “Ça” c’était un bouquin d’espionnage, enfin, un bouquin de cul avec un peu d’espionnage. J’ai dit : "Non, ça ne me branche pas". Lui, ça ne le branchait pas, on s’est dit : "On va le faire a deux". On a donc fait un mauvais bouquin d’espionnage — je n’en garde pas un très bon souvenir, au bout du compte. Le mec de Media 1000 a trouvé qu’il y avait trop d’espionnage et pas assez de cul, il l’a refusé. On l’a refilé au Fleuve Noir qui nous a dit qu’ils voulaient bien le prendre mais qu’il y avait peut être un peu trop de cul et pas assez d’espionnage, donc j’ai re-bossé le bouquin en changeant quelques détails également et il est paru en février 1987 sous nos deux noms. C’est un des derniers “Espionnage” : la collection s’est arrêtée cette année-là.
          Au Fleuve noir, le plus difficile consistait à mettre le premier orteil dans la place. À ce moment-là, j’avais déjà le bout de l’ongle, c’était beaucoup plus facile. En ayant un livre accepté, on devenait pratiquement un auteur maison. Il fallait en avoir un deuxième, alors je me suis dépêché de finir de retaper Le Serpent d’angoisse, que j’étais en train de réécrire pour une revue éphémère appelée Nemo où il paraissait en feuilleton. Dans la foulée, j’ai replâtré et complété en vitesse un vieux manuscrit, Un ange s’est pendu.
          On m’a renvoyé Le Serpent d’angoisse à peu près au moment où j’ai envoyé Un ange s’est pendu en me disant qu’il fallait reprendre la structure parce que c’était le bordel total. J’ai fait le boulot demandé, en réunissant notamment les lignes de narration — et, en avril, j’ai reçu le contrat pour les deux bouquins. J’étais super content. Ensuite, j’ai continué au gré des vents et des marées du Fleuve, parce que quand Siry est parti on a eu droit a Nicole Hibert qui était quelqu’un d’intelligent. Au début, elle ne connaissait rien a la SF, mais elle s’y est mise. Ce qui était bien, c’est qu’elle défendait la jeune génération, elle voulait a toute force publier Pagel, Ligny, Honaker… ou moi. Et puis, elle a aussi révélé pas mal de nouveaux auteurs : c’est elle qui a publié les premiers bouquins de Genefort ou d’Ayerdhal... Disons qu’elle a écumé tout ce qu’il restait d’auteurs inédits possédant un minimum de potentiel, et qu’elle les a sortis ; c’était très bien, heureusement qu’elle était là.
          J’ai fait une douzaine de livres pour elle. Au passage, j’ai eu le Prix Rosny aîné en 1988 pour Le Serpent d’angoisse et en 1989 pour Poupée aux yeux morts. Et puis après, quand elle a été virée par Baronian, dont la conception de la littérature populaire date d’avant-guerre — celle des tranchées —, je n’ai même pas essayé de soumettre un seul manuscrit. Il faut dire qu’à ce moment-là, on m’avait proposé d’écrire des space operas pour Jimmy Guieu. L’idée ne me déplaisait pas : je n’aurais pas touché Gilles Novak avec des pincettes, mais les Blade & Baker, ça allait, c’était plutôt la série la plus sympa de Guieu. Au total, j’en ai écrit vingt, dont les trois derniers avec Rémy Gallart qui a désormais repris le flambeau.
          Au bout de trois ou quatre années de Blade & Baker, j’ai commencé à saturer. Alors, je me suis demandé ce que je pouvais faire d’autre. J’avais Le Chant du Cosmos que j’avais commencé au début des années 90 qui avançait envers et contre tout, et j’avais aussi ce projet de série polar SF, qui à l’origine n’avait rien à voir avec l’Histoire d’un futur, c’était un autre truc. Il y avait déjà le détective privé transparent, l’intelligence artificielle, l’infoxiqué, mais il n’y avait pas l’essentiel : la Grande Terreur.
          Je suis allé voir Christian Garraud qui dirigeait le Fleuve a l’époque avec ce projet. Il m’a aiguillé sur Philippe Hupp, le directeur de la collection Anticipation, qui a été tout de suite enthousiaste et qui m’a dit, à l’issue d’un énorme couscous : "Je te fais le contrat du premier tout de suite et celui du deuxième dès que j’ai les soixante premières pages du premier". C’était moins bien payé que chez Vaugirard, mais bon, je pouvais faire ce que je voulais : vu la discussion avec Hupp, c’était clair, j’avais carrément les mains libres et le droit de délirer autant que je voudrais.
          À l’époque, je n’arrêtais pas d’entendre dire que la SF était pessimiste, que la SF française était trop noire, dépressive etc. Or, entre mes anciens bouquins et les Futurs Mystères de Paris, il y avait eu quatre ou cinq ans où j’avais pondu des Blade et Baker à la chaîne — et où, finalement, le seul moyen que j’avais trouvé pour m’intéresser à ce boulot, c’était de déraper dans le pastiche et l’ironie. Il y avait aussi eu les Red Deff, et tout un tas de plaisanteries plus ou moins faniques... J’ai trouvé logique de donner dans le fun, même si l’humour n’était pas forcément inscrit dans le projet initial. Je me suis dit : “Allez, je vais faire optimiste. On va dire que pour une fois, tout s’est bien passé et que l’Humanité marche vers un genre d’utopie — d’où la fusion froide, les astéroïdes décrochés de la ceinture et tout le reste...”
          Quelques semaines après avoir remis le manuscrit de La Balle du néant, je passe au Fleuve et je vois Garraud arriver en me disant qu’il trouvait ça super et tout et tout, il avait lu le prologue, ça l’éclatait à fond. Tu penses bien que j’étais vraiment content ! Garraud, je ne le connaissais pas, je l’avais rencontré deux fois tout au plus, et il était vraiment enthousiaste. Ça fait toujours plaisir, surtout sur un bouquin qui est une commande. C’est là que j’ai appris que les numéros 2000 et 2001 devaient paraître ensemble, et que le numéro 2001 était encore libre. Alors, j’ai demandé si je pouvais l’avoir, et j’ai dit qu’il s’appellerait L’Odyssée de l’espèce, parce qu’un mauvais jeu de mot, ça ne mange pas de pain... Et, là, j’ai vécu un été terrifiant à tous les points de vue. Enfin, je devrais dire une année terrifiante. Quand j’y repense, je n’y crois pas, je ne pourrais pas le refaire. J’ai du écrire un ou deux Guieu au début de l’année, faut pas me demander combien, je ne m’en souviens plus ; j’ai rédigé La Balle du néant en trois semaines, un Guieu en un mois, un autre Guieu en un mois ; ensuite j’ai fait Les Ravisseurs Quantiques en un mois, puis expédié en quinze jours Le Nombril du monde avant de passer deux mois et demi sur L’Odyssée de l’espèce. Ça fait, si je compte bien, huit bouquins dans l’année — c’est mon record absolu... Mais j’étais bien content de travailler sur des trucs plus personnels que les aventures de Blade & Baker — d’autant que j’avais accumulé pas mal d’idées pendant ce temps-là. Louis Thirion, pour qui j’éprouve un profond respect, dit qu’il faut cesser d’écrire de temps en temps. Faire du Guieu pendant cinq ans, c’est un peu comme cesser d’écrire — et en plus, ça m’a permis de progresser, je pense.
          Donc, j’ai vraiment été sur un petit nuage jusqu’à la fin de l’année. En plus, Francis Valéry a réédité dans Cyberdreams ma biographie uchronique de Lovecraft, qui était parue à tout petit tirage — et hop, elle a eu le Rosny l’année d’après ! C’est Valéry qui a fait du texte un succès, si on peut parler de succès à ce niveau-là. Sans lui, HPL serait certainement resté plus obscur à cause du tirage faible de départ. Merci, FV.
          XDu coup, je me suis remis à écrire des nouvelles. J’avais arrêté parce que je trouvais que c’était trop de boulot pour un résultat qui, à l’époque, ne me satisfaisait pas. Je suppose que l’écriture de HPL m’a permis de comprendre quelque chose que je n’avais pas saisi jusque-là... Et puis, il y avait aussi la disparition de la contrainte de longueur. Dans les années 70 ou 80, quand quelqu’un faisait une antho, il y avait toujours une longueur limite, en général de l’ordre de trente à quarante mille signes. C’est quelque chose qu’on voit nettement moins aujourd’hui, et c’est vrai que ça libère l’esprit et l’imagination. Je trouve la période plutôt sympa — et pour conclure, je dirais que je me prépare a attaquer le XXIe siècle avec un optimisme inébranlable.
 
          Et, quelles ont été tes influences, en fait? Est-ce qu’il y a des auteurs qui t’ont influencé, des lectures, des...?
 
          Globalement, le Fleuve Noir, et plus particulièrement Louis Thirion, B.R. Bruss, quelques Richard-Bessière, un certain esprit de Jimmy Guieu... Je crois que de ce point de vue-là, je dois même quelque chose à Daniel Piret, Robert Clauzel, non, peut-être pas Maurice Limat, mais presque tous les autres. Je n’avais pas de sens critique, j’avais 10-12 ans, je dévorais leurs bouquins, et la pire idiotie devenait presque un chef-d’oeuvre à mes yeux. Quand je n’aimais pas trop un livre, je ne remettais pas sa qualité en cause : je pensais que c’était moi qui n’avait pas compris ou quelque chose comme ça... Pendant deux ou trois ans, je n’ai lu que du Fleuve Noir. Ensuite, j’ai découvert les revues de SF, Galaxie et Fiction et je suis passé du Space Opera français de base, de cette espèce de multivers consensuel où se déroulent presque tous les bouquins du Fleuve, à la speculative fiction et aux trucs complètement déjantés des auteurs des années 60 et 70 : Spinrad, Dick, Silverberg — pour moi, ce sont vraiment les trois grands de cette période. Il y a aussi quelques auteurs plus discrets qui ont eu une grosse influence sur moi, par exemple Charles Harness. L’Anneau de Ritornel m’a sacrément impressionné à l’époque, avec sa volonté d’évoluer juste à la limite du rationnel. Je n’aime pas la SF trop rationnelle, je ne suis pas trop un fan de hard science, enfin, j’aime bien certains trucs de hard science mais, globalement, je trouve toujours que ça manque un peu de doute — même chez Greg Egan. Avec Poupée aux yeux morts, j’avais essayé d’écrire de la hard science dickienne, psychédélique... Sinon, la liste des auteurs dont je ressens aujourd’hui encore l’influence ne serait pas complète sans Robert A. Heinlein, A.-E, van Vogt,, Cordwainer Smith, Michel Jeury, André Ruellan — j’ai dû relire vingt fois Aux armes d’Ortog et Ortog et les ténèbres...
          Apres, si on commence a regarder les influences hors SF, il y a énormément de choses, c’est beaucoup trop riche, je citerais quand même Boris Vian à cause de cette espèce d’esprit dingo, bien français, les surréalistes, certains, mais je ne suis pas très cultivé en matière de surréalisme, j’ai lu des trucs il y a longtemps, je me rappelle de deux-trois auteurs, je me souviens d’un poème qui s’appelait Les Gorges Froides, de Desnos, mais, c’est tout. Bon, sinon, la plus grosse influence hors SF, et qui est pratiquement équivalente, c’est les feuilletonistes. C’est Feval, Ponson du Terrail, Hugo parce qu’Hugo a quand même joué le jeu du feuilleton pas mal de fois, même si ce n’était pas vraiment du feuilleton, il a fait de la littérature de feuilletoniste... Eugène Sue, tous ces auteurs-là...
 
          Ben, justement, Eugène Sue... Il y a beaucoup de gens, quand ils entendent "Les futurs mystères de Paris", ils pensent aux Nouveaux Mystères de Paris mais ils ne pensent pas aux Mystères de Paris d’Eugène Sue...
 
          Il y a une référence supplémentaire : Les Derniers Mystères de Paris de Frederic Dard, que je n’ai pas lu, et ça m’agace. D’ailleurs, à ma grande honte, je n’ai lu Les Mystères de Paris qu’après avoir entamé ma propre série. En fait, je n’avais pas le livre, matériellement, et je l’ai trouvé à 10 balles sur une brocante l’année suivante. Je l’ai vraiment apprécié, mais je ne pense pas que le fait de l’avoir lu ait vraiment fait une différence pour l’écriture des Mystères suivants...
          En y repensant, Les Mystères de Paris ne m’étaient pas tout à fait inconnus : il devait y avoir une version abrégée qui traînait chez ma grand-mère, une espèce de truc en format assez grand, je crois. J’avais dans les huit ans et je n’en ai lu que des bribes, mais il y avait deux ou trois illustrations dont je me souviens bien, notamment une vision de l’Ile de la Cité — la rue du début, bien sordide... Et puis, il ne faudrait pas oublier Fantomas et Arsène Lupin... Je pense que là, j’ai quand même fait pas mal le tour.
          Pour ce qui est de Lupin, j’ai découvert les livres et le feuilleton à la télé en même temps. Il y a dû y avoir un épisode qui est passé, et comme mon père avait les livres, j’en ai pris un, puis un autre, et je les ai finalement tous dévorés. Fantomas, c’est après avoir vu le film de Louis Feuillade. Je crois que j’étais allé le voir à la cinémathèque, je devais avoir treize ou quatorze ans — et, tout de suite, j’ai commencé a essayer de trouver les romans. Heureusement, il y en avait à la bibliothèque. Ce sont des livres que je n’ai jamais possédés, je le regrette un peu parce que j’aimerais bien en relire un de temps en temps.
 
          La science fiction est un outil aussi pour certains, un outil, c’est vrai pour transmettre un rêve, partager un rêve, des idées, mais pour beaucoup d’auteurs, c’est aussi un outil social et politique. Est-ce que c’est pour toi, un rôle d’écrivain, le rôle de l’écrivain de transmettre ce genre de choses, de transmettre cette réflexion-là ?
 
          Ce n’est pas la peine de se demander si c’est le rôle de l’écrivain parce qu’on est en quelque sorte coincés par la science-fiction, obligés de prendre ça en compte. La SF est un outil d’appréhension du réel. A partir de ce moment là, si on s’en sert, c’est pour appréhender le réel, ça fait partie des conditions — l’aspect sociologique, l’aspect politique —, et de plus en plus, parce qu’on va vers une science-fiction qui est plus complexe qu’avant. Jadis, on pouvait se contenter de faire un bouquin sur une seule idée, de décrire une société qui fonctionnait sur une seule idée, pas plus, et le reste était une espèce de vague background avec des trucs plus ou moins sous-entendus. Maintenant, on est obligé de creuser plus ou moins chacun des aspects, et comme il y a énormément de choses qui ont été faites, il y a certains aspects pour lesquels on va continuer à se reposer sur la bonne vieille SF. Les socles tridis, par exemple : je n’ai pas envie de me prendre la tête pour trouver autre chose. Le portatif des Mystères, c’est un téléphone portable capable de susciter une petite image tridi. J’aurais pu mettre des monocles ou des montres comme on faisait dans le passé, mais ça n’a pas d’importance, c’est juste du gadget. Par contre, les aspects sociologiques sont cruciaux.
 
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© Sara Doke. Tous droits réservés.
Texte reproduit avec l'aimable autorisation de l'autrice.

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