Faut-il changer les règles du Weltraumball ?
Le rôle du tournoyeur mis en cause
Après la mort accidentelle du plongeur de l’Étoile africaine,
heurté de plein fouet par le tournoyeur du Microphilips Athletics
lors des quarts de finale de la coupe du Vieux Continent, des voix
s’élèvent pour une modification du rôle du tournoyeur, voire de la
suppression pure et simple de ce poste.
« Le tournoyeur est une survivance des origines du WB, a déclaré Suidem Valdegord, secrétaire de la Fédération mondiale de Weltraumball. À l’époque, il n’y avait pas de faucheurs, ni de danseurs, pas même de plongeur. Tout ça, c’était le boulot des tournoyeurs — ils étaient quatre, à l’époque. Aujourd’hui, le seul qui reste ne sert plus à grand chose, sinon à encombrer l’espace de jeu. Soit on le supprime, soit en on fait un second plongeur, mais cette tragédie montre bien qu’il faut agir. »
Léopold Coulibali, entraîneur de l’Étoile africaine, est du même avis : « Ce tournoyeur n’avait rien à faire là. Il aurait dû être en train de marquer notre danseur du zénith, ou d’essayer de démagnétiser l’une de nos tours. Mais le rôle du tournoyeur est si flou et si polyvalent qu’il s’est retrouvé dans une position où il lui a semblé logique de suivre l’étoile. C’est ça le problème. Il n’a pas commis de faute formelle, et un homme est mort. Le tournoyeur n’est pas seulement inutile, il est dangereux. »
Face à ces réactions, plusieurs personnalités du monde du WB ont au contraire défendu le tournoyeur.
« C’est un poste fondamental, a assuré Yohann Grøss, ancien tournoyeur, de l’équipe scandinave. Quand j’ai commencé, on était encore deux. Là, ouais, c’était trop. On se gênait. Y a eu des accidents. Quand on a remplacé le tournoyeur gauche par un troisième bondisseur, j’ai trouvé ça bizarre au début, mais j’étais plutôt pour. Parce que les bondisseurs se tiennent à l’écart des trajectoires potentielles des plongeurs pour coller aux fesses des faucheurs adverses. Du coup, ça a libéré le tournoyeur, ça a révélé son importance. Le supprimer, ça serait comme si on enlevait son âme au WB. »
« Sans le tournoyeur, le jeu perdrait beaucoup de sa dynamique, a estimé le commentateur sportif Vittorio de Spumante. C’est le seul joueur, avec le plongeur, qui peut surgir partout à tout moment sans encourir de pénalités. Je vous rappelle que plus de la moitié des démagnétisations sont réalisées par le tournoyeur. »
Certains, enfin, refusent de prendre position, comme Adrien César, entraîneur du Weltraum Bayern : « Tout ça, c’est des histoires de tactiques de jeu. Je n’ai jamais eu le moindre problème avec le tournoyeur, parce que, au Bayern, son rôle est clairement défini : il marque et il intercepte les joueurs, point à la ligne. Il n’a pas à courir après l’étoile, même s’il est en bonne position — ça, c’est le boulot du reste de l’équipe. Un bon tournoyeur ne touche jamais l’étoile, voilà ce que je dis. Et s’il la touche, il faut que ça soit pour empêcher directement l’adversaire de marquer. Quand on a joué contre Milan, leur tournoyeur a bien dû toucher une douzaine de fois l’étoile. Le nôtre, une seule fois : une interception pour bloquer un coindelucarne. Et devinez lequel des deux a effectué le plus de démagnétisations ? »
Antonio Bicerte, plongeur de l’équipe nationale de Californie, abonde dans son sens : « Dans une telle situation, le tournoyeur de mon équipe n’aurait jamais joué l’étoile. Il aurait laissé les danseurs s’en occuper pour aller essayer de démagnétiser le faucheur central qui était en voie de décrocher de son point d’appui. C’est comme ça qu’on joue en Europe et en Amérique du Nord. Mais pas chez les technotrans. Et puis, quand on dit à un tournoyeur de jouer l’étoile, on y va mollo sur les produits, pour pas trop lui embrouiller les idées. Le type de Microphilips, son analyse toxicologique fait trois ou quatre pages ! Pour un faucheur ou un bloqueur, je veux bien, mais là, c’était de l’abus. »
Contactée par notre rédaction, Microphilips n’a pas souhaité s’exprimer.
(Opinions En Ligne, 16 février 2063.)
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