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Extrait de roman :

BABALUMA

Roland C. Wagner

(© L'Atalante, mai 2002)


couverture

CHAPITRE IX

BREF SÉJOUR CHEZ LES FÊLÉS

          Le récit d'Ordalie :
          Des fois, j'avais l'impression que Rami me prenait vraiment pour une gourde. Tenez, là, il avait fallu que je fasse des pieds et des mains pour qu'il accepte de me laisser aller interroger le patron de bistrot. Mais Eileen était venue à mon secours, et il avait fini par céder.
          Ou alors, il se faisait du souci pour moi. Le problème, c'est que je ne voyais vraiment pas pourquoi il se serait inquiété. Il n'y a pas le moindre risque à rendre visite à un frappadingue dans son asile. Et, même s'il y en avait, ça serait de toute manière moins dangereux que d'aller faire un tour dans une ville hantée. En plus, rien n'indiquait que ce Bessières soit réellement maboul. Connaissant les relations dont disposait le beau-père de Rami, celui-ci avait très bien pu se débrouiller pour faire interner abusivement le pauvre type.
          Je suis sortie du métro à Villejuif et j'ai pris un bus qui m'a déposé devant l'hôpital psychiatrique. Je me sentais un peu nerveuse car c'était la première fois que je mettais les pieds dans un endroit pareil.
          Les visites aux malades mentaux étant sévèrement réglementées, je me suis fait passer pour une lointaine parente par alliance de Bessières, montée de sa province perdue pour prendre de ses nouvelles. Le garde à l'entrée m'a crue sur parole et laissé entrer sans discuter après avoir contrôlé mon identité, me conseillant de suivre la " ligne verte " pour me rendre au Pavillon 28.
          J'ai compris à quoi il faisait allusion quelques mètres plus loin, en arrivant sur une placette du centre de laquelle rayonnaient des bandes de couleurs différentes. Docile, j'ai suivi celle qu'on m'avait indiquée, le long d'une allée qui sinuait entre des bâtiments bas au toit plat. J'éprouvais à présent une appréhension sensible à l'idée de la réaction du patron de bistrot lorsque je lui exposerais les raisons de ma visite. Je pouvais parfaitement me faire jeter comme une malpropre. Ce type moisissait là depuis des années; même s'il n'était pas fou au départ, il avait très bien pu le devenir depuis.
          Seulement, quand faut y aller, faut y aller.
          La ligne verte s'arrêtait sur un autre rond-point en demi-cercle, d'où partaient quatre allées étroites. Chacune d'elle était munie d'un panneau indiquant le numéro du pavillon où elle conduisait. Impossible de se tromper.
          À la réception, j'ai dû baratiner le personnel pendant cinq bonnes minutes. C'était plutôt amusant de faire marcher des ahuris en blouse blanche, mais il n'aurait pas fallu que ça dure trop longtemps.
          Finalement, on m'a conduite dans une pièce aux angles arrondis, assez grande pour accueillir une trentaine de chaises, sept ou huit fauteuils, plusieurs bancs et le plus mastoc des socles tridi. L'image volumique de trois mètres de haut avait une définition si parfaite qu'il était impossible de la distinguer de la réalité.
          Pour l'instant, c'était un soap qui passait, mais il n'y avait que deux trispecs - une grand-mère en pyjama qui suçait son pouce et un gros type mal rasé qui, dès mon entrée, n'a cessé de me lancer des coups d'oeil vicieux.
          - Attendez là, a dit l'infirmière. Je vais le chercher.
          Je me suis assise dans le fond, faisant mine de ne pas remarquer les regards sans discrétion du gros type. J'aurais juré que c'était un débile. Et un obsédé.
          L'infirmière est revenue en compagnie d'un homme âgé portant une combinaison bleu pétrole. Puis, sans un mot, elle nous a laissés seuls.
          - Asseyez-vous, fis-je avec un geste d'invitation.
          Bertrand Bessières m'a regardée d'un drôle d'air. Plus intrigué que vicieux, heureusement. À première vue, je le trouvais même sympathique.
          - Vous n'êtes pas ma parente, constata-t-il sans émotion particulière.
          - Bien sûr que non. Mais il fallait que je vous parle.
          Je devais avoir employé un ton convaincant car il s'est assis sur une chaise pliante. Je lui donnais entre soixante et soixante-dix ans, peut-être un peu plus. Pourtant, il paraissait en bonne forme - les joues rasées de près et le teint frais.
          Il ne ressemblait pas à la description qu'en avait fait Rami. Cependant, en y regardant à deux fois, on voyait qu'il avait dû boire assez longtemps pour conserver à vie un fin réseau de cicatrices de couperose sous les yeux.
          - Alors ? interrogea-t-il tandis que je prenais place sur une chaise voisine de la sienne.
          - C'est au sujet de... la raison qui vous a amené ici.
          - Oui, c'est à vous dégoûter de témoigner, n'est-ce pas ? Vous allez voir les flics pour dénoncer un assassin, et vous vous retrouvez chez les barjots !
          - Après une jolie crise de delirium tremens, non ? Ses yeux étaient inexpressifs, mais pas froids. Les yeux de quelqu'un qui avait affronté ce que Tem appelle un vertige métaphysique.
          - C'est ce qu'on a diagnostiqué.
          - Vous n'êtes pas d'accord ?
          - J'avais déjà fait une crise, quelques années plus tôt. Ça ne ressemblait pas du tout à ce qui m'est arrivé au commissariat.
          - L'avez-vous dit aux médecins ?
          - Bien sûr, mais ils ne l'ont pas pris en compte.
          - À votre avis, que vous est-il arrivé, alors ?
          - Ça fait dix ans que j'y réfléchis, et je ne sais toujours pas. Je me regardais agir, en train de dire et de faire n'importe quoi - et je trouvais ça tout à fait normal ! Et pas l'ombre d'une chauve-souris, d'un rat ou d'un serpent.
          - Parce que le delirium vous fait vraiment voir de vilaines bestioles ?
          Il a eu un petit sourire empreint de tristesse.
          - Bien sûr. L'autre fois dont je vous ai parlé, il y avait des hordes de chauve-souris qui sortaient des murs.
          - Vous dites ça d'un ton bien calme. Il haussa les épaules. Il paraissait soudain plus âgé.
          - J'ai dépassé ce stade.
          J'ai hésité. La question suivante ne faisait pour moi aucun doute.
          - Racontez-moi comment ça s'est passé.
          - Quoi ? Mon internement ? Ou bien alors le... le meurtre ?
          - Commencez donc par le meurtre.
          Il m'a regardée avec curiosité.
          - Vous parlez bien légèrement de ce genre de choses, ma jolie, marmonna-t-il. Très bien, vous voulez tout savoir ? D'accord. Mais dites-moi seulement qui vous envoie.
          - L'Agence de l'Aube Radieuse, cabinet de détections, filatures et enquêtes en tout genre.
          - Et qui a engagé cette agence ?
          - Je n'en ai pas la moindre idée. D'ailleurs, ça doit être couvert par le secret professionnel.
          - Vous n'en avez pas l'air très sûre.
          - Je débute dans le métier.
          - Sans vouloir vous vexer, ça se voit. Bon, on y va ?
          - Quand vous voudrez.
          Il s'est raclé la gorge à deux reprises, la main devant la bouche.
          - Alors, voilà ce qui s'est passé le soir du 13 octobre 2054. Il était vingt heures. Je venais de fermer mon bistrot, qui se trouve du côté de Châtenay, et je remontais à pied vers les hauteurs du Plessis-Robinson. Il y a un endroit où la route longe la grille du parc. C'est là que j'ai entendu les éclats de voix. On se disputait à l'intérieur du parc. Et plutôt violemment. Puis il y a eu un coup de feu. Je n'ai fait ni une, ni deux, j'ai escaladé la grille pour courir en direction des sons que j'avais entendus... (Il s'est interrompu, le temps d'avaler sa salive.) Et, un peu plus loin, il y avait un homme qui braquait une arme sur la tête d'une silhouette à terre. À ce moment-là, il a tiré deux fois de plus - je vous épargne les détails puisque vous êtes une débutante... Je me suis planqué dans l'ombre d'un arbre, mais je conservais un bon angle de vision, et j'ai distinctement vu le visage du tueur quand il est parti.
          Il avait l'esprit remarquablement clair et concis pour un prétendu malade mental. J'avais hâte d'entendre la suite de son histoire.
          - Qui était-ce ?
          - Cette crevure de Ramirez, tiens ! Vous voyez qui c'est ? (Je hochai la tête, toute retournée d'avoir entendu le nom de Rami prononcé avec tant de mépris.) Ça faisait un bout de temps qu'on était plusieurs à se demander ce que fabriquait cette face de croque-mort. Eh bien, j'étais servi sur un plateau ! Il ne me restait plus qu'à aller voir les flics et à leur raconter toute l'histoire.
          - Mais ça ne s'est pas tout à fait déroulé comme prévu, n'est-ce pas ? demandai-je en articulant avec soin pour dissimuler mon trouble.
          - Ça, vous pouvez le dire ! Tout de suite, ils m'ont accusé d'être ivre, mais je n'avais même pas un gramme dans le sang... Alors, ils se sont excusés, et ils m'ont même dit que c'était peu pour un patron de bar à l'heure de la fermeture. Puis ils m'ont demandé de les emmener sur les lieux du crime. Le mort y était toujours. Il n'avait pour ainsi dire plus de tête. Oh, vous pouvez faire la grimace, ma mignonne, c'est bien ça que vous êtes venue chercher ! Vous êtes une journaliste, n'est-ce pas ? Sa question m'a prise au dépourvu. Je suis restée quelques secondes sans voix.
          - Mais pas du tout ! m'écriai-je. Je vous l'ai dit, je suis...
          - C'est bon, c'est bon, je vous crois ! C'était juste histoire de vous tester. De retour au commissariat, j'ai effectué ma déposition, et j'étais sur le point de rentrer me coucher lorsque Ramirez a débarqué avec trois autres types aux allures de truands. C'étaient en fait des fonctionnaires de je ne sais quel service spécial possédant des pouvoirs spéciaux. Ils ont annoncé aux flics qu'ils les dessaisissaient de l'enquête... Et c'est à ce moment que j'ai fait ma... crise.
          - Qu'est-ce qui l'a déclenchée ?
          - Je n'en sais rien. Vraiment. Je me souviens que l'un des " fonctionnaires " menaçait de me placer en garde à vue si je ne révisais pas mes accusations contre Ramirez... Et puis je me suis mis à lui crier dessus, à l'insulter. Je n'étais pourtant pas si en colère que cela... (Il secoua la tête.) Je ne comprends pas. Ça serait l'alcool qui m'a fait péter les plombs, mais je n'arrive pas à y croire.
          - Et ensuite ?
          - Mes souvenirs sont plutôt confus. On a dû me maîtriser et me faire une injection. Il paraît que j'ai déliré pendant sept jours. Un délire très agressif. On m'a donc jugé dangereux pour la société et placé dans cet hôpital.
          - Et vous y êtes toujours, depuis tant d'années ? Il haussa les épaules.
          - Je n'ai qu'une chose à faire pour que les médecins me jugent guéri, mais je ne la ferai pas.
          - De quoi s'agit-il ? Il se fendit d'un sourire pas trop amer.
          - De renoncer à accuser Ramirez de ce meurtre. Il paraît que c'est le " point de fixation " de mon " obsession paranoïaque ". Ces toubibs sont sans doute nettement plus forts aujourd'hui qu'hier quand il s'agit de soigner des malades mentaux, mais ils ont tendance à s'entêter en face de gens sains d'esprit. (Il m'a regardée droit dans les yeux. C'est vrai qu'il avait l'air tout à fait normal - et franc, et sincère, et gentil comme tout.) Vous savez, j'ai eu tout mon temps pour réfléchir depuis que je suis ici, et j'en suis arrivé à la conclusion qu'on m'avait fait plonger.
          - Ramirez ? demandai-je, non sans peine.
          - Oui, Ramirez ! Ce type n'a jamais eu bonne réputation. Les clients d'un bar ont tendance à bavarder, surtout avec un coup dans le nez. Il suffit de tendre l'oreille, et j'ai l'ouïe fine. C'était incroyable le nombre de rumeurs qui couraient sur lui : qu'il était l'un des Hommes de l'Ombre derrière le Mardi gris et la Petite Crise, qu'il travaillait pour plusieurs technotrans à la fois, qu'il avait tué sa femme...
          Il a poursuivi son énumération des méfaits supposés d'Etienne-Léon, mais je ne l'écoutais plus. L'idée que la mère de Rami ait pu être assassinée par son mari pour une sordide question d'argent me rendait malade.
          Beurk.
          Comment peut-on tuer pour du fric ? C'est un truc que je ne comprendrai jamais. Par jalousie, sous le coup de la colère ou de l'alcool, je peux admettre - bien que ça me glace quand même le sang d'y penser. C'est bête, voilà tout. Mais supprimer quelqu'un froidement, pour du pognon ?
          Les gens qui font ça ne sont pas comme moi. Il y a forcément quelque chose qui va de travers chez eux. La vie humaine ne vaut ni un centime, ni un milliard d'euros. C'est pourquoi, pour moi, le crime par intérêt est le pire de tous.
          Et je sais que Rami est d'accord avec moi.
          - Hé, vous m'écoutez ?
          J'ai sursauté, soudain tirée de mes réflexions par la voix de Bessières.
          - Pour être honnête, j'ai décroché un instant, avouai-je.
          - À quoi pensiez-vous ?
          - À mon petit ami.
          Un sourire narquois s'est peint sur son visage.
          - Ah, je vois.
          - Non, vous ne voyez pas.
          J'étais troublée et embarrassée. Était-il raisonnable de révéler à ce vieil homme l'identité du petit ami en question ?
          Non, ce n'était pas en ces termes qu'un détective privé devait se poser la question. Il devait plutôt se demander si cette révélation était susceptible d'amener son interlocuteur à lui fournir de nouvelles informations. Et, dans ce cas, la réponse me paraissait être non.
          - Qu'est-ce que je ne vois pas ?
          - Ce qui ne vous regarde pas.
          - Vous êtes une petite maligne, observa-t-il sur un ton débonnaire. Bon, si vous avez d'autres questions, dépêchez-vous de les poser : je venais juste de finir de manger quand on est venu me chercher, et j'irais bien me faire une petite promenade digestive.
          - Vous avez le droit de sortir du pavillon ?
          - Bien sûr. (Il retroussa sa manche droite, découvrant la bosse que faisait la puce implantée sous la peau de son avant-bras.) Si je quitte le secteur où j'ai le droit d'aller, ce truc-là envoie un signal au central de surveillance. Tous les malades en ont un.
          À court de questions pour l'instant, je lui ai proposé de l'accompagner. Nous avons quitté la salle tridi sous le regard envieux du débile obèse.
          - Je vous épargne la traversée de la cour aux crétins, annonça Bessières lorsque nous fûmes dehors. Ce n'est pas un spectacle pour une jolie jeune femme comme vous.
          - J'ai les nerfs solides, mentis-je.
          - Que vous dites. J'ai vu comme les coups d'oeil de Lalèche vous mettaient mal à l'aise. L'animalité brute des crétins est bien plus difficile à affronter. Même à moi, cela me fait mal.
          - Vous ne parlez pas comme un patron de bistrot.
          Une brume a voilé son regard.
          - Disons que j'ai eu le temps de changer depuis que j'ai servi mon dernier verre. L'hôpital offre des possibilités infinies de se cultiver, vous savez ? Chaque malade peut se connecter au wèbe avec un niveau de sécurité qui lui correspond. Et nous avons également une vie culturelle très riche, avec beaucoup de spectacles - concerts, théâtre, café-théâtre, opéras... Tout ça est bien sûr un peu orienté, mais il y a pas mal de bon là-dedans.
          - À vous écouter, on pourrait croire que vous vous plaisez ici.
          Il a souri.
          - Ce n'est pas faux. Je commençais à en avoir un peu marre de servir des poivrots lorsque... c'est arrivé. Et mon internement m'a donné l'occasion de faire un retour sur moi-même. De tout mettre en perspective. Oui, en un sens, je me plais ici. Mais j'ai aussi cet endroit en horreur parce que je ne peux pas en sortir !
          - Nous allons voir ce que nous pourrons faire, assurai-je avec confiance.
          Il a émis un soupir discret.
          - Rien de plus que ce qui a déjà été fait. Ce Ramirez jouit de protections très haut placées. Mieux vaut ne pas se heurter à ce genre d'individus. (Il se figea et écarta les bras.) Regardez ce qui m'est arrivé. J'ai voulu dénoncer un assassin, et je me retrouve privé de liberté et considéré comme un malade mental. Je vous le répète, je n'ai pas eu une crise de delirium tremens ce soir-là ! C'était autre chose...
          - Une drogue ?
          - Jamais touché à ces choses... Oh, vous voulez dire qu'on aurait pu me droguer ?
          - Par exemple. L'un des " fonctionnaires " vous a-t-il touché, à un moment ou à un autre ?
          Il réfléchit un instant avant de répondre.
          - Oui, je crois. Celui que j'ai insulté en premier. Il m'a pris par le bras pour me secouer.
          - Avez-vous senti quelque chose qui ressemblait à une piqûre ?
          - Non. - Une démangeaison ?
          - Non.
          - Rien d'anormal, vraiment ?
          - Vraiment.
          - Votre peau n'est à aucun moment entrée en contact avec la sienne avant votre crise ?
          Nouveau délai de réflexion. Sourcils froncés et regard vague, cette fois.
          - Si. Il m'a saisi le poignet lorsque j'ai levé la main pour le repousser. Et je me suis mis à hurler aussitôt après. Vous croyez que ça aurait suffi ?
          - Certains produits dermophiles sont très rapides lorsqu'il s'agit de diffuser une substance quelconque dans l'organisme. Combien de temps exactement s'est-il écoulé entre le moment où il a saisi votre poignet et celui où vous vous êtes mis à l'insulter ?
          - Trois à cinq secondes.
          - C'est très bref. Peut-être même un peu trop. Mais nous allons essayer d'identifier le produit éventuel. L'un de nos collaborateurs est un expert en matière de substances psychotropes. Pouvez-vous me décrire ce que vous avez ressenti ?
          J'avais bien noté qu'il avait soigneusement évité de le faire quelques instants plus tôt dans la salle tridi, mais je ne m'attendais pas à le voir pâlir lorsque je lui poserais la question.
          - Vous vous rendez compte de ce que vous me demandez ? fit-il d'une voix tendue.
          Je me contentai d'acquiescer sans un mot, les yeux baissés. Oui, je m'en rendais compte.
          - De toute manière, reprit-il, s'il y avait eu une drogue, on l'aurait trouvée à la prise de sang.
          - À condition de la chercher.
          - Vous pensez à quelque chose de rare ?
          - Ou à une négligence... peut-être volontaire.
          - Ah, les fumiers ! gronda-t-il, les poings et les mâchoires serrés.
          - Nous les coincerons.
          - Vous avez l'air bien sûre de vous.
          J'ai jeté un coup d'oeil à ma montre. Il était déjà quinze heures.
          - Écoutez, dis-je, nous sommes sur la piste de l'infâme salaud qui vous a expédié ici. Si vous voulez sortir un jour d'ici, il faut que vous me racontiez votre expérience afin que nous puissions identifier la drogue employée.
          Il a hésité, la bouche entrouverte.
          - D'accord, décida-t-il enfin. Je vais replonger une dernière fois là-dedans... Mais c'est bien pour vous faire plaisir. Parce que, voyez-vous, ma jolie, je ne vous en ai pas parlé jusqu'ici, mais j'ai une autre idée sur ce qui m'est arrivé...
          - Et quelle est-elle ?
          - Je crois que j'ai été possédé.


© Roland C. Wagner. Tous droits réservés.
Texte reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur.

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