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Extrait de roman :

L'AUBE INCERTAINE

Roland C. Wagner

(© L'Atalante, avril 2003)


couverture

CHAPITRE III

LE CAS SCOTT RICHARD


          J'aurais bien voulu envoyer Gloria faire un tour sur le wèbe pour y pêcher des informations, mais mon aya préférée ne s'est pas montrée de la soirée, et le message codé que je lui ai laissé sur le site habituel était toujours sans réponse le lendemain matin.
          - Quelque chose ne va pas ? a demandé Eileen, qui sortait de la salle de bains.
          J'ai éteint le terminal et je me suis levé pour aller l'embrasser. Je me sentais contrarié, mais j'ai essayé de ne pas le montrer.
          - Rien de grave. C'est juste Gloria qui boude.
          - A cause de ton enquête ?
          - Oui. Ça finira bien par lui passer.
          Elle a déposé un baiser sur le bout de mon nez.
          - Où as-tu été pêcher une assistante avec un aussi sale caractère ?
          - A bord d'un satellite militaire - je t'ai déjà raconté toute l'histoire.
          - Ce n'est pas ce que je voulais dire. (Elle a mordillé sa lèvre inférieure.) Et puis, il n'y a pas que son caractère é Gloria n'est pas une aya ordinaire. Je n'arrive pas à croire qu'on ait pu la créer comme n'importe quel logiciel. Tu vas peut-être trouver ça bizarre, mais j'ai l'impression qu'il y a quelque chose en elle qui n'est pas binaire.
          - Eh bien, il faut croire qu'une fois de plus, les chercheurs de l'armée ont joué les apprentis sorciers.
          Tout en prenant le petite déjeuner, nous avons réglé quelques détails pratiques - vivre à deux nécessite en effet un minimum d'organisation -, puis Eileen est partie à son travail en me souhaitant bon courage. J'allais en avoir bien besoin.
          Après son départ, je me suis habillé et je suis descendu dans le métro. Trois quarts d'heure plus tard, j'en sortais à la station André-Malraux.
          Laissant sur ma droite le parc du même nom, qui couvre une bonne partie du plateau de Vitry, je me suis dirigé vers un groupe d'une quinzaine de maisons blotties autour d'une placette triangulaire. Rues et trottoirs avaient été déblayés, mais partout ailleurs, une couche blanche assez épaisse couvrait le sol. Toute cette neige exerçait sur moi une action apaisante ; je ne ressentais même pas l'excitation qui, en temps ordinaire, accompagne toute nouvelle enquête promettant d'être un tant soit peu intéressante.
          L'adresse fournie par Adalbert Monténégro correspondait à un pavillon d'un étage, assez laid, dont la façade de meulière aurait eu besoin d'un bon nettoyage en profondeur. J'ai sonné à la grille, cherchant du regard l'inévitable caméra du circuit vidéo, mais celle-ci devait être bien cachée - ou alors, il n'y en avait pas. Au bout d'une minute, n'ayant obtenu aucune réponse, j'ai de nouveau pressé le bouton de nacre. Presque aussitôt, une fenêtre du rez-de-chaussée s'est ouverte sur une silhouette féminine qui m'a fait signe d'entrer. Poussant la porte du jardin, qui n'était pas verrouillée, j'ai obéi et, pataugeant jusqu'à la cheville dans la neige fraîchement tombée, je suis allé me planter devant l'entrée principale.
          La jeune femme qui m'a accueillie venait visiblement de se lever. Sous ses longs cheveux noirs tout emmêlés, ses yeux violets étaient encore tout embrumés de sommeil. Assez jolie, malgré les cernes profonds qui creusaient son visage trop pâle, elle portait un peignoir de bain rose trop grand pour elle et des charentaises à dominante bleue. Trois ou quatre bracelets d'argent s'entre-choquaient à son poignet droit, assortis à l'anneau piqué de guingois dans sa narine gauche - un ornement qui, le plus souvent, marque l'appartenance de son porteur à la vague tribu des Junkies.
          - B'jour... Vous voulez quoi ?
          Sa voix était rauque et empreinte d'une tension inattendue chez quelqu'un que l'on venait de tirer du lit à dix heures du matin. Il y avait gros à parier qu'elle s'était couchée tard - voire tôt -, et dans un état passablement avancé. N'ayant jamais fréquenté de Junkies, j'ignorais à peu près tout de leurs coutumes et de leurs habitudes, mais je croyais bien me rappeler avoir entendu dire qu'une insomnie persistante faisait partie des symptômes de leur dépendance.
          - Je suis détective privé, et j'aurais besoin de poser quelques question à Patti Quackenbush.
          Son air de lassitude s'est accentué.
          - Ouais, c'est moi. (Elle a frissonné.) Bouh, fait pas chaud, hein ? Dépêchez-vous d'entrer.
          Elle a reculé pour me laisser passer. La porte s'est refermée lorsqu'elle en a lâché la poignée, mais il n'y avait là nulle magie domotique, rien qu'un simple groom couleur de laiton - lequel n'avait pas dû être graissé depuis des lustres, à en juger par le grincement qui accompagnait son fonctionnement.
          Nous étions dans un couloir étroit, où donnaient quatre pièces ; le carrelage était couvert de détritus, comme si l'on y avait renversé le contenu d'une poubelle ou deux. Sur ma droite, un escalier en colimaçon menait à l'étage supérieur. Des piles de prospectus et des vêtements sales traînaient sur les marches de bois usées. Quelques affiches criardes avaient été punaisées sur les murs, sans doute pour cacher l'affreux papier peint à fleurs, dont l'état comme le design laissaient à penser qu'il n'avait pas été changé depuis la construction de la maison. L'un de ces posters représentait un jeune homme aux épaisses dreadlocks blondes, vêtu d'un pantalon de cuir moulant et d'une chemise mauve à jabot de dentelles qui aurait été tout à fait à sa place dans ma garde-robe. Il regardait droit devant lui de l'air hagard de celui qui se demande ce qu'il fait là. En arrière-plan apparaissaient quatre visages à demi noyés dans la pénombre, sous une inscription en lettres écarlates :

 
LE CAS SCOTT RICHARD


          J'ai songé que le délirant disparu ne se doutait pas à quel point le nom de son groupe serait un jour adapté à la situation.
          - J'aurais dû virer cette affiche, a marmonné Patti Quackenbush. Elle me flanque le cafard.
          Je n'ai émis aucun commentaire, hormis un léger hochement de tête qu'elle pouvait interpréter comme elle le voudrait. Elle est demeurée un instant encore à contempler les traits de son petit ami décédé - puis, semblant soudain s'éveiller, elle m'a entraîné dans la première pièce sur la gauche.
          J'ai failli pousser un gémissement de surprise ; je n'avais jamais été confronté à un tel désordre. Même Ramirez, dans ses pires périodes de relâchement, n'aurait pas laissé son cadre de vie se détériorer à ce point. A première vue, le ménage n'avait pas dû être fait depuis plusieurs mois, mais l'épaisseur de certaines strates, notamment dans les angles et derrière le divan, suggérait qu'il fallait plutôt parler d'années. Des pages et des pages ne suffiraient pas pour décrire par le menu le contenu de cette poubelle géante, où les emballages portant les emblèmes de chaînes de restauration à domicile se taillaient la part du lion. Quant à l'odeur qui régnait en ces lieux, je ne vois vraiment pas comment en donner ne serait-ce qu'une idée, sinon qu'en comparaison, l'haleine alcoolisée de Monténégro me paraissait rétrospectivement tout à fait supportable.
          - Asseyez-vous où vous pouvez. Je reviens.
          Patti Quackenbush s'est éclipsée, me laissant seul au sein de l'inimaginable capharnaüm. Les Junkies ont la réputation de se laisser aller, mais je n'aurais jamais pensé que cela pouvait atteindre de telles proportions. Regardant où je mettais les pieds, j'ai gagné le seul espace à peu près dégagé :un petit mètre carré de moquette crasseuse, juste devant l'holosocle éteint. S'il n'avait pas fait si froid, j'aurais ouvert en grand toutes les fenêtres - enfin, celles qui étaient encore accessibles sans un équipement d'alpiniste.
          Après un moment d'hésitation, j'ai débarrassé l'un des fauteuils du fatras qui l'encombrait. Par chance, il n'y avait rien d'organique dans le lot. Une fois assis, j'ai contemplé avec tristesse la jungle de verres, de bouteilles et de cendriers pleins qui couvrait la table basse. Avisant une petite ampoule parmi les mégots, je l'ai ramassée. L'inscription sur son flanc indiquait qu'elle avait contenu une dose de vingt-cinq milligrammes d'héroïne des laboratoires Pasteur-Sandoz, au-dessus de la mention obligatoire, en lettres microscopiques : Le fabricant décline toute responsabilité en cas d'usage hors contrôle médical.
          En fouinant dans le cendrier à l'aide d'un couteau incrusté jusqu'au manche de confiture d'abricots séchée, j'ai découvert une douzaine d'autres ampoules usagées, dont plusieurs de cinquante et cent milligrammes. Il y avait aussi une poignée d'aiguilles, avec ou sans capuchon, et des morceaux de coton imbibés de sang. En soulevant un carton qui avait contenu Le Bonne Chop-Suzy de Ma Atomos, j'ai mis au jour une poignée de seringues au rebut, parmi lesquelles se trouvait un petit sachet scellé de plastique opaque. Au toucher, j'ai jugé qu'il devait contenir de la poudre. Bizarre : je croyais l'héroïne disponible uniquement sous forme de solution. Toutefois, l'absence d'indication sur l'emballage suggérait qu'il s'agissait de produit de fabrication artisanale.
          Je l'avais encore à la main lorsque Patti Quackenbush est revenue. Elle avait quitté son peignoir pour une robe longue de couleur noire, dont le décolleté en pointe s'ouvrait sur une poitrine que l'on devinait menue. Ses cheveux étaient toujours aussi emmêlés, mais elle avait pris le temps de se maquiller ; le rouge à lèvres carmin et le khôl appliqué en larges bandes autour de ses yeux accentuaient la pâleur de son visage, lui donnant un faux air de vampire. Ses pupilles n'étaient pas plus grosses que des têtes d'épingle.
          Trébuchant parmi les chaussettes sales dépareillées, les collants filés, les illustrés froissés et les canettes de bière vides, elle est venue s'asseoir sur le divan, sans le moindre égard pour les papiers qui s'y entassaient. Puis son regard s'est posé sur le sachet au creux de ma paume, et un semblant de vie s'est manifesté sur son visage.
          - Flash ! Vous avez retrouvé la coke ! Z'êtes vraiment un mec bien, vous...
          Sa voix était plus pâteuse encore que celle d'un alcoolique invétéré, et elle zézayait comme si elle avait eu une perruque entière sur la langue. Néanmoins, elle paraissait nettement plus en forme qu'une dizaine de minutes auparavant.
          Nettement plus en forme, mais aussi défoncée jusqu'aux yeux - ce qui n'était peut-être pas sans rapport. La petite bosse que je distinguais sous le tissu élastique de sa robe, à la saignée de son coude droit, signalait-elle la présence d'un morceau de coton imbibé d'un antiseptique ou d'un produit coagulant ? Je l'aurais parié.
          - Donnez-moi ça, je vais me faire un monorail.
          J'ai déposé le sachet dans la main qu'elle me tendait. Puis, tandis qu'elle l'éventrait pour étaler un peu de son contenu sur un morceau de miroir, j'ai tâché, sans grand entrain, de faire un peu avancer mon enquête :
          - D'après mes renseignements, vous étiez la concubine de Scott Richard...
          Elle m'a répondu sans lever les yeux, occupée qu'elle était à écraser les grains les plus gros à l'aide d'un couteau à peine moins sale que celui dont je m'étais servi pour fouiller dans le cendrier. Peut-être était-ce le même, d'ailleurs ; cette fille avait un mépris total pour les règles d'hygiène les plus élémentaires.
          - Ouais, ça faisait quatre ans qu'on vivait ensemble au moment où il s'est scratché. Mais faudrait pas croire que je le voyais beaucoup, hein ? Quand il était pas sur la route, il avait toujours plein de trucs à faire dans Paris.
          - Son travail devait aussi lui prendre du temps.
          - Pas tant que ça. C'était un rapide. Je l'ai jamais vu passer plus d'une heure ou deux sur un segment.
          - Il ne répétait pas avec son groupe ?
          - Si, une ou deux fois par mois. Et je sais pas si on peut appeler ça des répétitions. Ils avalaient des trucs au point d'en avoir les yeux qui se croisaient et ils déliraient pendant des heures. Les spectacles, c'était du pareil au même - sauf que le public était un peu moins défoncé qu'eux, tout de même.
          Déchirant un morceau de papier, elle l'a roulé avant de le placer à l'entrée d'une narine. Puis elle en a orienté l'autre extrémité vers la petite ligne de cocaïne qu'elle venait de préparer - et, inspirant un grand coup, elle s'est tout envoyé en une seule fois. Impressionnant - surtout de la part de quelqu'un qui accuse autrui de forcer sur les stupéfiants. Elle était du genre à voir la paille dans le nez du voisin, mais pas l'aiguille qu'elle avait dans le bras. Un bref instant, j'ai été envahi d'un sentiment d'horreur à l'idée que l'on pût se détruire ainsi. Puis je me suis souvenu que la plupart des Junkies finissent par se débarrasser de leur fâcheuse habitude, au terme d'un cycle durant en général une bonne dizaine d'années. Elle avait donc ses chances - enfin, je l'espérais pour elle.
          - Que savez-vous des circonstances de sa mort ?
          Elle a reniflé. Deux fois.
          - On était à Toulouse, chez mon frère Glenn. Scott devait aller frimer à Barcelone...
          - Frimer ?
          - Faire un spectacle. (Nouveau reniflement.) Alors, il a loué un avion, et l'avion s'est écrasé dans les Pyrénées. J'en sais pas plus, sinon qu'il était chargé à bloc quand il est parti.
          - Vous n'avez pas cherché à savoir ce qui s'était passé ?
          Elle a secoué la tête avec un bruit nasal inédit.
          - Non. M'en fous. Ce qui doit arriver finit toujours par arriver. Scott a peut-être voulu s'amuser à défoncer la tête au pilote - et l'autre s'est retrouvé tellement stoned qu'il les a flanqués contre une paroi... (Son élocution était un peu plus rapide, et elle ne zézayait plus.) Vous savez, on jouait des fois à parier avec les copains qui d'entre nous sera le premier à claquer. Scott était donné à seize contre un quand il s'est planté.
          Je ne lui ai pas demandé quelle était sa cote, mais je n'aurais pas misé un cent sur elle ; elle faisait à coup sûr figure de favorite. Néanmoins, cette information m'ouvrait une piste qui pouvait s'avérer intéressante.
          - Vous pariez de l'argent ?
          Cette fois, elle s'est bouché la narine exempte de cocaïne avant de renifler.
          - Non, plutôt du stuff. Pour vous donner une idée, la mort de Scott m'a rapporté une boîte d'héro rouge et un sachet de comprimés de morphine. (Elle a ricané bêtement, le regard soudain vague.) Personne ne l'aurait tué pour ça.
          Au prix dérisoire où ce genre de choses est vendu dans les hallucentres, le contraire eût été tout à fait étonnant.
          - Cette maison est à vous ?
          - Non, elle appartient à Eldorado. J'y reste parce que personne n'a encore songé à me virer.
          Je n'ai pu m'empêcher d'imaginer la tête des employés de la technotrans qui découvriraient que le charmant pavillon banlieusard s'était mué en une véritable décharge. Je leur souhaitais bien du plaisir - ainsi qu'aux malheureux que l'on désignerait pour déblayer les lieux. Surtout si les autres pièces étaient dans le même état d'encombrement. Pour être franc, je n'aurais pour rien au monde mis les pieds dans la cuisine ; celle de Ramirez me suffit, merci.
          - Où comptez-vous aller quand on vous priera de déguerpir ?
          Elle a eu un reniflement d'ignorance.
          - Aucune idée. J'aimerais bien retourner à Toulouse, mais mon frangin peut pas me loger. Et puis, il trouve que je suis un mauvais exemple pour ses mômes...
          J'aurais plutôt été de l'avis opposé. Dix minutes avec cette fille auraient suffi pour dissuader qui que ce fût de toucher aux opiacés. Mon grand-père m'a raconté qu'au moment de la légalisation, dans les années 20, les murs des villes et du wèbe s'étaient couverts d'affiches montrant des victimes des drogues les plus dures. Il avait même gardé dans ses archives la plus remarquable, qui représentait un gamin d'une douzaine d'années dont les bras n'étaient plus qu'une succession de croûtes et de plaies ; il regardait vers l'objectif avec un mélange de détresse et d'indifférence qui fendait net les coeurs les plus endurcis. En un sens, Patti Quackenbush faisait le même effet.
          - Vous est-il venu à l'idée que Scott Richard aurait pu être assassiné ?
          Elle m'a regardé avec surprise, en oubliant même de renifler.
          - Assassiné ? Vous voulez dire victime d'un meurtre ?
          - A ma connaissance, les deux expressions sont synonymes.
          - Pourquoi vous me demandez ça ?
          Son attitude avait changé, mais je ne m'en étais pas rendu compte immédiatement. Elle était à présent sur la défensive ; les poings et les mâchoires serrés, elle me dévisageait d'un air dur, qui accentuait les reliefs de son visage. J'ai pris soudain conscience de sa maigreur et de son état d'épuisement. Je ne lui aurais pas accordé deux contre un.
          - C'est ce que pense mon client.
          - Et qui c'est, votre client ?
          - Secret professionnel.
          - Vous bossez pour Eldorado ? (Pour changer, elle a éternué.)Non, ils n'emploieraient jamais un type avec votre dégaine pour ce genre de job ! Ça fait longtemps que vous êtes branché sur le délirium ?
          - En fait, je commence tout juste à m'y intéresser.
          - Eh bien, pour ce qui est des fringues, on peut dire que vous avez chopé le truc direct !
          J'avais pourtant opté pour une tenue relativement discrète. La faiblesse actuelle de ma transparence rendait en effet inutiles les babouches lumineuses, redingotes orange et autres borsalinos vert fluorescent qui composaient l'essentiel de ma garde-robe. Néanmoins, comme j'ignorais si je n'allais pas devoir interroger des individus tellement sensibles à mon Talent qu'ils éprouveraient malgré tout des difficultés à prendre conscience de ma présence - on ne sait jamais -, je portais sous mon anodin blouson fourré un pull à col roulé dont les rayures jaunes et violettes vous sautaient littéralement au visage ; c'était à cette véritable agression visuelle que Patti Quackenbush faisait allusion.
          Nous avons continué à discuter un moment, mais elle ne m'a rien appris de plus. Puis, l'effet de la cocaïne se dissipant, la Junkie a commencé à piquer du nez sur les côtes saillantes de sa maigre poitrine. Je suis parti sur la pointe des pieds, tant pour ne pas la tirer de sa torpeur que pour éviter d'écraser un peu plus les déchets jonchant le sol.
          Une fois à l'extérieur, j'ai avisé les poubelles alignées sous un petit auvent. Quand j'ai soulevé leurs couvercles, j'ai constaté, comme je m'y attendais, qu'elles étaient vides. Patti Quackenbush devait avoir quelque chose contre la collecte sélective des ordures.
 
 


Roland C. Wagner. Tous droits réservés.
Texte reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur.

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