La
première fois que j'ai rencontré Roland Wagner, c'était
au début des années 80, à un pot donné
par Denoël pour je ne sais plus quelle occasion. J'étais
moi-même un auteur relativement débutant, encore peu
familier du fandom (le milieu des fans de SF), pourtant j'avais déjà
entendu parler de lui en tant que "superfan" de SF. Je l'ai
reconnu tout de suite, avec ses cheveux longs et son look "hippy",
et nous avons immédiatement sympathisé autour de notre
goût commun pour certaines substances fumigènes. Il
n'avait encore rien publié "officiellement", mais
alignait déjà une impressionnante littérature
"fanique" sur son milieu de prédilection, dont "le
cycle du Fandom" (sous le pseudonyme de Richard Wolfram), déjà
célèbre chez les fans. Il y montrait une culture
encyclopédique de la SF et notamment de la collection
"Anticipation" du Fleuve Noir, sa collection fétiche
dont il possède presque tous les numéros.
Naturellement, c'est vers le Fleuve Noir qu'il s'est tourné
pour publier son premier roman "officiel", Le Serpent
d'Angoisse, en 1987. Une douzaine d'années, 40 romans et une
centaine de nouvelles plus tard, le voilà consacré par
la critique et le public avec son cycle Les Futurs Mystères de
Paris au Fleuve Noir (4 volumes en grand format), heureux
bénéficiaire de cinq prix Rosny Aîné (le
prix du fandom!), d'un Grand Prix de l'Imaginaire et du Prix de la
Tour Eiffel catégorie nouvelles en 98 pour Fragment du livre
de la mer, seule nouvelle française de SF (à ma
connaissance) tirée à un million d'exemplaires, dans
l'opuscule gratuit de la Ville de Paris! Roland est né en 1960
à Bab-el-Oued (Algérie), bien qu'il n'en ait pas l'air.
Outre la SF et les substances susnommées, il a une passion
immodérée pour d'obscurs groupes psychédéliques
des années 60, de préférence enregistrés
au fond d'un garage avec un magnétophone à galène.
Enfin, son humour indéfectible et son goût du "private
joke" lui a permis de commettre quelques perles fort appréciées
des fans, son public favori : comme d'écrire (toujours sous le
pseudonyme de Richard Wolfram) les romans de l'auteur le plus
antinomique possible de Roland Wagner : Jimmy Guieu, ou de conclure
la désormais défunte collection "Anticipation"
au numéro 2001 avec L'odyssée de l'Espèce.
J'allais oublier : Roland est aussi crieur et parolier, avec
constance et bonne humeur, du groupe Brain Damage, dont il réussit
à nous infliger les 45 tours vinyls (aussitôt cultes) à
chaque convention de SF. Sans Roland, le fandom serait triste et
végétatif. Avec lui, la SF cesse (enfin) de se prendre
trop au sérieux.
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