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Extrait de roman :

TEKROCK

Roland C. Wagner

(© L'Atalante, avril 2006)


J’avais passé la nuit sous un porche, à attendre que celui que je filais daignât sortir de l’immeuble où il avait pénétré un peu avant vingt-deux heures, une jeune femme brune tout à fait anodine à son bras ; sans doute celle-ci possédait-elle des qualités que son physique ne laissait nullement deviner, car ce n’est qu’aux environs de huit heures le lendemain matin que l’objet de ma filature s’est enfin décidé à la quitter. Je lui ai emboîté le pas, à l’abri de ma transparence, et nous avons marché un long moment dans le vent frais de ce matin d’avril. Je n’étais qu’à quelques mètres derrière l’homme — un nommé Balthazar George, que ses employeurs soupçonnaient d’espionnage industriel au profit d’une technotrans non identifiée —, mais il n’a paru à aucun moment se rendre compte de ma présence. Lorsqu’il se retournait discrètement pour vérifier s’il n’était pas suivi, ses yeux ne se posaient jamais sur moi.
Pour lui, je n’étais pas là.
Je me doutais depuis un moment de sa destination lorsqu’il a tourné à droite sur Diderot ; il se rendait tout bonnement à son travail, non loin de la gare de Lyon. Tirant de ma poche le portatif d’occasion dans lequel Eileen m’avait poussé à investir, arguant que j’en aurais certainement l’usage — ce en quoi elle avait tout à fait raison —, j’ai appelé la communauté miséricordieuse du Profond Sommeil, où logeaient les deux Monte-En-L’Air ratés qu’il m’arrive d’employer comme auxiliaires.
Le Misérable mal réveillé qui m’a répondu était par chance à peu près conscient de mon existence, mais il baragouinait un tel sabir — un mélange de portugais et de néerlandais saupoudré de termes arabes — que j’ai dû palabrer avec lui pendant plusieurs minutes avant qu’il ne comprît ce que je désirais.
Enfin, le visage noir d’Eusèbe est apparu au-dessus de la microplaque tridi incluse dans le portatif. Pour autant que pusse en juger, eu égard à la faible taille de l’hologramme, il paraissait en pleine forme et d’excellente humeur — ce que m’a confirmé le ton résolument énergique de sa voix bien timbrée.
— M. Temple ? Vous êtes bien matinal.
— J’ai passé une nuit blanche à faire le poireau dans le froid, et j’aimerais bien aller dormir quelques heures. Pourrais-tu me remplacer jusqu’en fin d’après-midi ?
Le sourire d’Eusèbe s’est élargi. À ce qu’il dit, rien ne lui fait plus plaisir que de travailler pour moi — et il en va de même de son inénarrable acolyte perpétuellement dépeigné. J’ai du mal à comprendre les raisons de cet enthousiasme, mais Eileen a une théorie à ce sujet : selon elle, ils sont fans de moi. Enfin, quand ils se souviennent de mon existence, ce qui ne doit pas arriver si souvent en dehors des périodes où je la leur rappelle.
— Aucun problème.
— Il faudra être discret, car le type se méfie. Alors, tu laisses Snake à la maison.
— Il va être déçu.
— Dis-lui qu’on lui trouvera de quoi l’occuper une autre fois. Je ne tiens pas à ce qu’il gâche tout en vous faisant repérer.
Autant Eusèbe peut être futé et habile, autant Snakefingers, son éternel acolyte, se montre maladroit et empoté. Ses parents, atteints d’instabilité spirituelle chronique, l’ont traîné d’une secte à l’autre pendant toute son enfance et son adolescence, sans trop se soucier de l’action que ces changements de dogme répétés exerçaient sur sa personnalité. Il en est résulté un individu manquant un peu de finition, dont l’extraversion rend plus flagrantes les difficultés intellectuelles.
Snakefingers n’a toujours pas compris que la Terre est ronde — et, d’ailleurs, il s’en fiche complètement. Il trouve plus intéressant de regarder les pigeons couvrir de leurs déjections un nu de Mayol, ou bien d’écouter pendant des heures le zonzonnement des voitures sur les quais de la Seine. Eileen dit qu’il est le dernier véritable poète urbain, et je ne suis pas loin de partager cette opinion, même si j’ai tendance à préférer qu’il garde sa poésie pour lui.

C’est avec soulagement que j’ai vu arriver Eusèbe, un peu moins d’une demi-heure plus tard. Mes yeux commençaient à se fermer tout seuls, et mes jambes avaient une fâcheuse tendance à se dérober sous moi. Après avoir expliqué à l’ex-futur Monte-En-L’Air ce que j’attendais de lui, j’ai hélé le premier cybertaxi venu et je lui ai demandé de m’emmener à Gergovie. En chemin, j’ai somnolé, réfléchissant à l’affaire en cours. Je n’avais pour l’instant recueilli aucune preuve à l’encontre de Balthazar George, mais la femme brune chez qui il avait passé la nuit pouvait très bien constituer un début de piste. Il avait eu tout le temps de lui transmettre d’éventuels renseignements volés à ses employeurs.
Tout en réfléchissant, je regardais la ville défiler autour de moi, et mes pensées se sont mises à dériver vers des sujets plus attrayants. Malgré tous les efforts que j’accomplissais pour m’y intéresser, cette enquête ne m’inspirait qu’un profond ennui. J’avais certes l’intention de la mener à bout, car j’ai pour principe de toujours terminer ce que j’ai entrepris, mais il était peu probable que j’en accepte à l’avenir une autre du même genre. Quant aux filatures d’époux infidèles, il y avait longtemps que j’avais décidé de les refuser systématiquement, de même que les emplois de garde du corps, peu compatibles avec ma non-violence.
Parfois, je me dis que je ne suis pas fait pour ce métier. Si je l’ai choisi — un peu poussé, il est vrai, par mon escroc de parrain —, c’est avant tout par pur romantisme, par goût pour une mythologie désuète. Le private eye a en effet beaucoup perdu de son aura depuis que l’agressivité humaine est en chute libre. Il devient de plus en plus difficile de croire à un personnage qui passe pour ainsi dire son temps à buter sur des cadavres.
Et pourtant, cela m’était arrivé plus qu’à mon tour au cours de l’année écoulée. À croire que j’avais un don pour ça.

Des renards en slip kangourou bondissaient autour de moi en poussant des aboiements presque humains. Des yeux géants dérivaient dans le ciel — des yeux rouges comme le sang qui me fixaient sans ciller. À quelques pas de moi, des soldats romains affrontaient des chevaliers teutoniques juchés sur des motos au pied d’un Sacré-Cœur en plastique rose. Dans le lointain palpitaient des taches de lumière qui devaient être des portes donnant sur d’autres univers. Puis tout s’est mis à se brouiller et à tourbillonner, tandis qu’une pluie d’éléments digne d’une énumération à la Prévert s’abattait en rangs serrés autour de moi…
J’ai pris conscience qu’on était en train de me secouer. Soulagé d’échapper à ce cauchemar surréaliste, j’ai ouvert les yeux, pour découvrir le visage d’Eileen à quelques centimètres du mien.
— Tu as un client, m’a-t-elle annoncé.
— Un client ?
— Un cadeau de Gloria.
Je me suis assis avec peine, la tête lourde. Depuis quand cette fichue aya s’occupait-elle de jouer les rabatteurs ?
— Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
— Lève-toi, et tu le sauras.
Comme je n’avais de toute évidence pas le temps de prendre une douche, ni même celui de changer de vêtements, je me suis contenté de me coiffer rapidement et de défroisser ma chemise du plat de la main avant de passer dans le salon, où Eileen faisait la conversation au client en question autour d’une tasse de thé.
C’était un homme sans âge, vêtu d’un de ces indémodables costumes en soie synthétique qu’affectionnent les membres des tribus axées sur le commerce et la finance. Ses cheveux blancs étaient courts, à l’exception d’une longue mèche au-dessus du front qu’il avait rabattue en arrière et plaquée avec un gel quelconque — ce qu’on appelait autrefois une « banane ». Je craignais qu’il ne me vît point, mais il s’est aussitôt levé à mon entrée et nous nous sommes serré la main. La mienne était un peu molle, je le crains ; cependant, il a eu le bon goût de ne pas montrer qu’il s’en était rendu compte, pas plus que je n’ai grimacé en sentant sa paume collante.
— Très heureux de vous rencontrer, a-t-il déclaré. J’espère que vous saurez vous montrer à la hauteur de votre réputation.
Je me suis demandé ce qu’Eileen avait bien pu lui raconter. Du fait de mon Talent, ma réputation est pour ainsi dire inexistante. Comme n’importe qui, ceux pour qui j’ai travaillé finissent en général par m’oublier, et il en va de même avec Multimed : les références me concernant n’ont jamais réussi à subsister plus de quelques jours dans les fichiers numériques du Néocortex — et encore ma transparence était-elle en berne à ce moment-là.
— Je l’espère aussi.
Mon futur client a lissé ses cheveux d’une main machinale, tandis que son regard perçant, aussi vif que celui d’un adolescent, m’étudiait avec attention. Son costume élégant ne lui allait pas du tout, mais cet homme avait un je ne sais quoi d’infiniment sympathique qui poussait à l’aider. Parce qu’il me rappelait mon grand-père, que j’avais eu le malheur de perdre un peu moins de trois ans plus tôt ?
Eileen nous a laissés en tête-à-tête, saluant le vieil homme aux yeux trop jeunes d’un « Au revoir, M. de Pomme » qui m’a donné à réfléchir. C’était un drôle de nom, mais si je ne me trompais pas, j’en connaissais l’origine. Tout dépendait du prénom qui allait avec ; j’aurais parié sans hésiter qu’il s’agissait de Pépin. En ce cas, il avait eu de la chance : d’autres pauvres gosses s’étaient vus baptiser Bulle de Coca ou Écran de Télé par des fonctionnaires dépourvus de toute imagination.
Quoique toujours cotonneux, je commençais à reprendre mes esprits. J’ai invité M. de Pomme à s’asseoir et, l’imitant, je lui ai demandé :
— Puis-je savoir ce qui vous amène ?
Il a de nouveau lissé ses cheveux, en un geste identique au précédent.
— Je voudrais que vous trouviez qui je suis.
Je m’y attendais tellement peu que j’ai posé la première question qui m’est passée par la tête. Les détectives privés sont censés se montrer vifs et efficaces s’ils veulent avoir l’air un tant soit peu professionnels.
— Vous vous prénommez Pépin ?
— Oui, mais ne vous méprenez pas : je ne suis pas un orphelin. On m’a donné ce nom quand j’ai été découvert, amnésique, au sortir de la Terreur.
J’ai eu l’impression brutale de me réveiller d’un seul coup. L’évocation du psycataclysme a souvant cet effet-là. Je comprenais à présent pourquoi Gloria m’avait envoyé ce type ; elle savait que son affaire touchait à mon obsession favorite.
La Psychosphère. Nous y voilà.

Il existe une foultitude d’explications quant à la nature exacte de la Grande Terreur primitive. Certains sont convaincus qu’un quelconque fou dangereux a répandu dans l’atmosphère terrestre d’énormes quantités d’un gaz hallucinogène qui aurait plongé la population planétaire dans un état de démence totale. D’autres privilégient l’hypothèse d’une altération provisoire des lois physiques, ou peut-être seulement d’un déplacement de la limite d’action des forces quantiques, dans un sens ou dans l’autre. Il y a aussi les mystiques qui voient dans le psycataclysme une punition céleste, une manifestation de la colère divine, un avertissement du Créateur à ses créatures trop indisciplinées ; ce sont sans doute les plus nombreux — et, en un sens, ils n’ont pas tout à fait tort, même si le dieu en question aurait plutôt l’apparence d’un Bol de Soupe transcendantal agité de remous.
Je ne prétends pas savoir ce qui a eu lieu durant ces quelques jours indescriptibles. Nul ne peut le prétendre. Cependant, j’ai réuni au fil du temps une quantité considérable d’informations semblant indiquer que la Terreur est née d’une collision, suivie d’une fusion plus ou moins totale entre la Réalité consensuelle et l’inconscient collectif de l’espèce humaine, laquelle s’est, de fait, retrouvée confrontée à ses fantasmes et, ce qui est peut-être pire encore, à ses souvenirs. Autant dire que nous sommes passés à deux doigts de la fin du monde. L’expression « psycho-singularité quasi-armaguédonienne », inventée par une universitaire québecoise, constitue à mon goût la meilleure description du phénomène.
Il n’était pas surprenant que mon client se fût réveillé sans mémoire à l’issue d’un tel foutoir. J’avais déjà entendu parler de cas semblables. Toutefois, à ma connaissance, la plupart des amnésiques avaient fini par recouvrer l’essentiel de leurs souvenirs. Sauf les ex-dragonrougeomanes, chez qui il avait bien fallu qu’une nouvelle personnalité se constituât, puisque l’ancienne avait été anéantie par la drogue.
— Vous ne vous rappelez vraiment rien ?
— De mon point de vue, je suis né le 26 mai 2013.
— Quel âge aviez-vous ?
— Dans les vingt-cinq ans, d’après les médecins. Un beau bébé d’un mètre quatre-vingts.
Ce qui lui en faisait environ soixante-quinze. Il était sacrément bien conservé.
— Racontez-moi un peu votre naissance.
— Mon premier souvenir est que je me tenais debout devant une église. Il pleuvait. En baissant les yeux, j’ai vu qu’un petit dragon vert était en train de me pisser sur le pied droit.
— Donc, la Terreur n’était pas encore finie ?
— Pas tout à fait, non… Mais je n’en avais pas conscience. J’avais tout oublié. Plus aucun souvenir personnel. Le trou noir.
— Et ensuite ?
— Le dragon s’est éloigné, la queue droite, et j’ai vu l’inscription Made in Psychosphere moulée sur ses fesses. Je crois que j’ai dû trouver ça bizarre, mais sans pouvoir déterminer pourquoi. J’avais le cerveau qui fonctionnait un peu de travers. Puis quelqu’un est venu me parler. D’autres gens sont arrivés. Je ne comprenais pas ce qui se passait, mais je n’avais pas peur. On m’a emmené ailleurs, dans une cuisine qui sentait la soupe chaude et le bois brûlé. Une femme m’a donné à manger. Ensuite, j’ai dormi. Longtemps. Au moins trente heures. Je me suis réveillé dans un hôpital. C’est là qu’un petit malin m’a baptisé Pépin de Pomme.
J’avais éliminé la possibilité qu’il pût appartenir à la Troisième Tribu, car les millénaristes de la première génération perdaient leur nom, leur identité sociale, mais en aucun cas leurs souvenirs. Par contre, je commençais à me demander si je n’avais pas en face de moi une victime de Dragon Rouge.
— Vous a-t-on dit si vous aviez des traces de piqûres lorsqu’on vous a trouvé ?
— Vous pensez qu’on aurait pu me droguer ?
— Votre moi antérieur était sans doute assez grand pour s’intoxiquer tout seul. Ça arrive même à des gens très bien, vous savez ?
Il a eu un haut-le-corps, comme si cette hypothèse lui paraissait à la fois choquante et saugrenue.
— Pourquoi cette question ? a-t-il demandé d’un air vexé.
— Ce serait trop long à vous expliquer.
Ce n’était donc pas non plus un ancien légume vivant ; les veines des dragonrougeomanes étaient en général si abîmées que Pépin de Pomme en aurait conservé des cicatrices indélébiles. Je n’étais décidément pas en forme ce jour-là.
— Pensez-vous pouvoir faire quelque chose pour moi ? S’est-il enquis après un bref silence.
— Je n’en ai pas la moindre idée, mais j’ai bien l’intention d’essayer. Votre affaire m’intéresse. Je suppose qu’à l’époque, on a tout tenté pour vous identifier ?
— Oui, mais ça n’a rien donné. Ni mes empreintes digitales, ni mon code génétique n’étaient répertoriés. Pas de chance. J’étais bien forcé de commencer une nouvelle vie sous cette stupide identité.
— Vous auriez pu facilement en changer.
Il a passé les doigts dans ses cheveux gominés. Décidément, c’était un tic. Pas étonnant qu’il eût les mains collantes.
— Vous savez ce que c’est… On s’habitue à tout. Quand la loi de 44 a été votée, il y avait trop longtemps que je pensais à moi-même en tant que Pépin de Pomme. (Il s’est esclaffé.) Si je ne m’abuse, vous n’êtes pas mieux loti que moi. Temple Sacré de l’Aube Radieuse… Quand votre amie me l’a dit, je ne voulais pas la croire.
— Vous devez pourtant savoir que les millénaristes donnent ce genre de nom à leurs enfants.
— Justement. J’avais du mal à accepter qu’un millénariste soit devenu détective privé. Pas assez d’agressivité. (Inclinant la tête sur le côté, il m’a lancé un coup d’œil intrigué.) Comment est-ce arrivé ?
— À la suite d’un abus de romans policiers. (Ne tenant pas à m’étendre sur mes piteux débuts dans la profession, j’ai préféré changer aussitôt de sujet :) Parlez-moi un peu de cette « nouvelle vie ».
— Il n’y a pas grand-chose à en dire. Quand je suis sorti de rééducation, j’ai fait pas mal de métiers, dont certains très bien payés. Ça m’a permis de mettre un peu d’argent de côté, et je m’en suis servi pour fonder une petite entreprise, au début des années 20. Lorsque je l’ai revendue, en 57, elle m’a procuré un capital suffisant pour vivre sans souci jusqu’à la fin de mes jours.
— Pourquoi avoir attendu un demi-siècle avant de partir en quête de vos origines ?
Il a émis un ricanement où j’ai cru déceler une pointe d’amertume.
— Vous n’êtes pas le premier privé à qui je m’adresse. Les autres ont fait chou blanc. Pour tout vous dire, j’avais depuis longtemps renoncé lorsque Mlle Le Floc’h est venue me voir, mais elle a su me redonner espoir.
Je brûlais de savoir ce qu’Eileen — vraisemblablement assistée par Gloria — avait bien pu lui dire pour le convaincre de recourir aux services de l’Agence. J’ai posé deux ou trois questions supplémentaires à mon nouveau client, afin de préciser certains détails, puis je lui ai annoncé mes tarifs. Non seulement il les a acceptés sans rechigner, mais il a insisté pour transférer sans tarder mille euros de son monnayeur au mien.
— Tenez-moi au courant, m’a-t-il demandé une fois sur le palier.
Se souviendrait-il de moi lorsque je l’appellerais pour lui annoncer le résultat de mes recherches ?
Rien n’était moins sûr.


© Roland C. Wagner. Tous droits réservés.
Texte reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur.